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Chroniques sansoniennes
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Chroniques sansoniennes
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9 juillet 2012

Avoine, 8 juillet 2012

Massés devant le grand chapiteau blanc, suspendu entre nuages et soleil, tout commence par une attente plus longue que prévu. Avoine zone blues festival oblige, un Mick Jagger local arrose le public de ses décibels éculés mais toujours aussi efficaces : Paint it black (1966), Jumpin'Jack Flash (1968), Honky Tonk Women (1969). Il faut faire patienter le public venu en nombre!

Vers 18h00, entre 2 hurlements stoniens se glissent la "trompeta" de Christian Martinez et un lointain "Je me fous de tout". Les balances semblent avoir repris à l'heure annoncée du début du spectacle. Bizarre, mais tout s'expliquera... Probablement étouffée par la chaleur qui s'impose sous la toile, la console a rendu l'âme, jetant par la même occasion dans l'oubli les précieux réglages d'avant concert (aïe). L'affaire s'annonce délicate à gérer techniquement. Avec une heure de retard, et les excuses de Véro, le concert est lancé. L'entrée sur scène, à la hussarde, saisit toujours aussi efficacement; la voix est là, le plaisir aussi, des 2 côtés de l'instant. 6 mois que certains l'espéraient. Pour ma part, le show de Montréal, le 1er juin dernier, me semble loin. Mais je n'insiste pas, au risque de me faire mordre.

Sans gilet à paillettes mais toujours à l'aise dans son cuir et ses boots, la belle arpente la scène, capte les premiers déchainements, lance des coucous à la volée. Nos regards se croisent. Il fait chaud, très chaud, et ce n'est qu'un début. Tous en nage, les larmes d'émotion qui perleront se feront d'autant plus discrètes; pas besoin de les essuyer en douce.

En véritable reine de la langue des signes, Véro affine les réglages en direct, sans filet, avec assurance, une main frappant le clavier, l'autre indiquant de ses doigts ce qu'il faut en plus ou en moins à l'ingénieur son (il faut bien être ingénieur de quelque chose pour y trouver ses gammes!). On l'entendrait presque penser "il faut que ça marche!".

La magie opère au fil des titres, particulièrement encouragés par un public festivalier mais néanmoins connaisseur. Les 3000 coeurs battants lui feront savoir sans limite, entre clap-clap et cris. La communion sera totale avec "Amoureuse" (dont on a bien eu raison de fêter l'anniversaire...) : la chorale suivra de bout en bout, mot après mot, note après note. Les yeux brillent. Dodo sourit, Basile, tout encharpé d'un ciel étoilé, goûte chaque instant. C'est incroyable de voir que malgré les galères techniques bien réelles, chacun veut offrir son talent, au-delà du possible. Et quelle réunion de talents! Le public ne s'y trompera pas et, le moment venu, les cajolera d'applaudissements plus que nourris et mérités. On les aime et on aime à leur dire! Chapeau bas, Messieurs.

Leur "drôle de vie" nous embarque dans un joyeux tourbillon, entretenu par "Si toutes les saisons" jusqu'aux dernières envolées de la reprise, and Many more.... Les émotions ondoient. Assise face au piano, aujourd'hui rebelle, concentrée sur les notes qu'il veut bien lui rendre, Véro amorce "Sans regrets". D'une voix épurée mais enragée, elle semble décharger une colère au son des "jamais", expulsés, projetés en l'air. Ce soir, le clavier l'aura fait souffrir. L'artiste et l'instrument ont partagé, mais aussi lutté pour au final nous émouvoir. Seul le titre Alia Souza sera visiblement perturbé par la technique au yeux de la plupart. C'est ainsi, mais Véro n'aime pas. Des regards noirs s'échangent et le réconfort de Mehdi n'y suffira pas.

Le coeur empoigné, le moment est venu de fermer les yeux....."Il est parti, comme il était venu, sans un mot....". D'un concert à l'autre, l'instant du déchirement n'est jamais le même; les bons moments peuvent parfois tout autant faire pleurer au nez que les autres...

Dégoulinants et surchauffés, nos regards s'apaisent au son des dernières compositions qui arrivent toujours trop tôt. Cristalline, ensoleillée par un rayon venu se perdre à travers la toile tendue du chapiteau, Elle nous cueille l'âme, fait son bouquet, celui qu'elle gardera en souvenir.

Un dernier pour la route, et nous voilà à reprendre Bahia, une 2ième fois, note après note comme pour suspendre ce temps assassin qui s'enfuit inexorablement.

Nous aussi, nous avons fait notre bouquet d'amour.

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Ce compte rendu strictement personnel ne peut être objectif.

Il est le fruit d'une écriture à chaud.

En espérant qu'il soit fidèle.

J.

 

PS : Quelques photos ici

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